On peut retrouver les traces des premiers occupants dans des chaos granitiques où les hommes s'abritaient à partir de la fin du Néolithique (4 ème millénaire avant J-C) .

Statues-menhirs, dolmens et sites antiques

Au site du Monte Lazzu (Tiuccia), on peut observer un grand nombre de petites cuvettes de broyage témoins de l'activité agricole et pastorale de l'embouchure du fleuve.
Au dessus de Vico, la Crête du Tragunatu ( chaos rocheux ressemblant à un dragon) était un site stratégique avec des aires de battage pour le blé.
Les dolmens d' U cunventu de Paomia (Cargèse) et de Tremica (Casaglione) sont des sépultures collectives de clans ou de familles.
On suppose que les statues menhirs ont été érigés comme marqueur territorial ou aux carrefours de chemins de transhumance. Leur style se distingue des dolmens du sud de la Corse en ce qu'ils possèdent des traits humains plus prononcés et ne portent pas d'armes. Ceux-ci datent de la préhistoire soit 2.000 à 3.000 ans avant J.C.
Après leur découverte au Moyen-Age, considérées comme les idoles païennes des ancêtres Maures par les populations chrétiennes, elles ont été soit réutilisées dans les angles des murs de la cathédrale Sant'Appianu de Sagone pour le « Sagone II » soit démolies et abandonnées pour l'U Scumunicatu dans la vallée voisine de la Bubbia, retrouvée récemment par Mr. Amedei, agriculteur, qui l'a érigée dans sa propriété où l'on peut la voir à côté de la chapelle San Giovanni Battista à Cargèse.
La Statue-Menhir d'Appricciani dite aussi " Sagone I " dont Prosper Mérimée en fit la première description en 1839 fut trouvée aussi près de Sagone. Elle est exposée à l'entrée de Vico au col Saint Antoine à côté de la chapelle. Voir mairie-vico
Au début du 1er siècle, Sagone a vu l'implantation d'un domaine jouxtant un mouillage portuaire abrité. Villa romaine, bâtiments agricole témoignent d'une période de traditions locales en étroite liaison avec les autres cultures de la Méditerranée. Au 5ème siècle, la chrétienté y installe un évêché : une cathédrale est érigée avec à son côté, un baptistère. Sur leurs vestiges au 11ème sera érigé l'édifice roman. Cette église dédiée à Saint Appien, sera la résidence de nombreux évêques jusqu'au 16 ème.

Photos: Site préhistorique du Monte Lazzu. Statue menhir « U Scumunicatu », Cargèse. Dolmen du « Couvent de Paomia »

Eglises et chapelles romanes

Édifiées au 12ème siècle, époque où la gestion de la partie nord de la Corse était confiée à l'évêque de Pise, elles sont en lien avec l'habitat. On les nomme aussi Pieve. Elles possèdent les proportions du nombre d'Or, utilisées par les artisans toscans.
La cathédrale San Appianu de Sagone est l'une des premières églises romanes a être édifiée sur les ruines de la basilique paléochrétienne, l’évêché de Sagone ayant été réactivé par l’évêque de Pise.
Venant de Cargèse en direction de Paomia par la D 181, on trouve San Giovanni Battista, non loin du sentier du Mare à Mare à proximité immédiate d’une statue menhir « U Scumunicatu » découverte dans un vallon au lieu dit Malora par Mr. Amedei qui l'a placée dans sa cour. L'église qui souffrit au 16e siècle des invasions barbaresques fût reconstruite par la colonie grecque de Vitylo pour être à nouveau abandonnée en 1731, victime de l’insurrection des Corses contre Gênes.
Une autre chapelle secondaire non loin de là sur la droite, Saint-Elie se situe sur un site préhistorique : son abside a été partiellement restaurée récemment. On peut voir la plus éloignée de Paomia sur le côté de la route: celle-ci est anonyme.
Une autre église remarquable pour sa majesté est à San Giovanni de Cinarca (Sari d'Orcino).
On trouve tous les détails sur le site corse romane. On y découvre aussi un reportage où s'exprime Monsieur Claude Arrighi, gardien de la mémoire des lieux. Vous pouvez consulter son site corsealbum.

Photos : Abside d'une chapelle à Paomia. Détail d'une pierre sculptée de San Giovanni Battista avec le symbole de l'Agnus Dei : la croix et le mouton. L'abside restaurée de la chapelle Sainte-Elie en compagnie de Mr Claude Arrighi.

Tours Génoises et châteaux féodaux

Au 12éme siècle, l'île est divisée en seigneuries. Chaque famille s'accapare un territoire qu'elle contrôle depuis des forteresses afin de s'enrichir. Le castellu de Cinarca à Tiuccia est le plus important du sud de la Corse. Il est habité par les seigneurs contrairement aux autres fortins du castellu de Zurlina au dessus de Murzo et du Castaldu des Leca à Arbori qui n'ont qu'une fonction défensive.
Afin de sécuriser le territoire, ces châteaux seront démolis par les forces gênoises au milieu du 15éme siècle et côté mer des tours et fortins seront érigées sur la côte pour se protéger des corsaires.
Le fortin de Girolata et la tour de Porto seront construits vers 1550 puis une deuxième série de tours verra le jour vers 1600: Capo Rosso, Orchino, Omigna, Cargèse et Sagone. La diminution de la piraterie au cours du 17ème siècle contribuera à leur abondon.
Pour vous instruire d'avantage sur l'histoire de la région: -ouvrage du CRDP Patrimoine Sevi-Sorru-Cruzzini-Cinarca- l'excellent blog d'Elizabeth Pardon Libres regards sur la Corse

Nos remerciements à Marie-Andrée Gardella, archéologue, pour nous avoir communiqué ces informations.

Ces vestiges peuvent être le but d'une belle randonnée: nous pourrons vous renseigner sur place.

Photos: les tours d'Umigna (Cargèse), du Capo Rosso, de Capigliolu (Tiuccia),de Porto. Le castellu di Cinarca (Tiuccia) et le castellu de Zurlina (Murzo). Le fortin de Girolata et la tour de l'îlot de Gargalo dans la réserve de Scandola.

Patrimoine sacré

De légendes en traditions, les habitants ont toujours maintenu omniprésente la dimension du sacré. Les premiers chrétiens s'installeront à Sagone qui deviendra un important évêché. Le seigneur Giovan Paolo de Leca choisira l'emplacement pour un couvent à Vico où sera vénéré le Père Domique Albini, couvent qui ne cessera de rayonner jusqu'à nos jours.
Oratoires au détour des parcours de transhumance, chapelles édifiées par les communautés rurales, colonies grecques exilées qui rebâtiront des lieux de culte et adopteront un rite catholique, autant de lieux symboliques qui ponctueront un pays qui, grâce à la foi, aura su vaincre vicissitudes et précarité.
Vico sera enfin le berceau d'éminents prélats qui favoriseront la richesse des lieux de culte. Une histoire à vivre aujourd'hui au détour d’événements et célébrations qui sont organisés tout au long de l'année.

Quelques liens pour une découverte approfondie:

Le Couvent Saint François de Vico Promenade historique

Les deux Eglises de Cargèse sur ce très beau blog Cargèse, l'église latine et l'église catholique de rite grec

Le site de la Mairie de Vico Mairie de Vico Sagone et en particulier Les tableaux de la collection Fesch à l'Eglise Sainte Marie de Vico, crédit Emilienne Callégari.

Photos: Le couvent Saint François de Vico. L'église latine de Cargèse. L'église de Renno. Détail de l'église grecque de Cargèse. Oratoires en montagne. Saint Jérôme, oeuvre de Giorgo Vissari (1511-1574) à l'Eglise de Vico